MEMENTO MORI


PEU D'EXPÉRIENCES SONT SUSCEPTIBLES DE NOUS TOUCHER AUSSI PROFONDÉMENT QU'UNE RENCONTRE AVEC LA MORT.


Pourtant, la plupart des décès surviennent presque secrètement, en retrait de notre vie quotidienne. La mort est sans doute notre dernier tabou, un sujet que notre société occulte. Nous la craignons certes plus que nos ancêtres, car il fut un temps où les civilisations étaient en contact avec la mort et la regardaient en face. Et si aujourd’hui l’impression dominante est celle d’un rapport difficile à la mort, c’est que notre société contemporaine s’en détourne et tente de l’oublier.


Trop souvent, on se presse d’exister. On s’efforce par tous les moyens de cultiver la jeunesse, retarder le vieillissement, guérir les maladies réputées incurables, prolonger la vie. Mais comment mourir? Nous vivons actuellement dans un monde que la question effraie.


Poser un regard sur le dernier visage de ma grand-mère fut ma manière de lui dire au revoir, mais aussi de m’imprégner de la sérénité qui accompagne la fin de l’existence. Il y a quelque chose d’immensément paisible dans la placidité qui succède le dernier battement de coeur, dans le silence qui nait à même la rupture du souffle.


À travers ces images, mon intention n’est pas de briser un tabou, mais plutôt de partager une expérience. Redonner à l’achèvement de la destinée toute sa richesse et son sens. Pacifier l’intensité des émotions liées à la mortalité. Prendre conscience de la finitude et de l’impermanence. Voilà ce que propose Memento mori.

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